Air2030 – Infox : les avions de combat doivent « chauffer » quinze minutes avant de démarrer
« [L’Aermacchi M-346 FA] est un avion un peu moins rapide, mais il a l’avantage de pouvoir décoller après deux minutes de chauffe, tandis qu’il faut environ quinze minutes aux jets de combat. » — sic Pierre-Alain Fridez, conseiller national socialiste (PS) jurassien, in Le Matin, 23.07.2020
FAUX ! Ceci est une infox, une fake news ! La fable de Jean de la Fontaine « Le Lièvre et la Tortue » ne s’applique pas ici, car tous deux peuvent « partir à point » : les avions de combat décollent aussi vite que les avions d’entraînement !
Si la situation l’exige, les avions de combat peuvent même s’envoler en moins de 3 minutes !
En termes de rapidité à décoller, il n’y a donc pas de différence entre les avions de combat évalués par la Suisse et un avion d’entraînement tel que mis en avant par le PS, parce que :
- d’abord, tous ces avions nécessitent un groupe auxiliaire de puissance (APU — Auxillary Power Unit) pour décoller en alerte. La procédure de démarrage du moteur — ou des deux, s’il s’agit d’un bimoteur -, est comparable ;
- ensuite, si les avions de combat modernes disposent évidemment de systèmes de capteurs plus complexes et performants que les avions d’entraînement, donc de capacités supérieures, la mise en route automatisée de leurs systèmes ne rallonge pas pour autant leur procédure de décollage ;
- enfin, quel que soit le type d’avion, il faut compter environ 15 minutes entre le déclenchement de l’alarme et le décollage, pour que les pilotes tenus en état d’alerte puissent finir de s’équiper et s’harnacher dans le cockpit avant de gagner la piste d’envol. Là aussi, il n’y a pas de différences entre les avions de combat et les avions d’entraînement.
En réalité, c’est la situation générale qui conditionne le délai d’alarme, pas le type d’avion. Même actuellement. Si aujourd’hui le service de police du ciel assuré par les Forces aériennes suisses garantit que deux F/A-18 prennent l’air dans les 15 minutes, cela 7/7 jours entre 6 heures et 22 heures — 24/24 heures à partir du 1er janvier 2021 –, le délai des 15 minutes peut être réduit à tout moment, sur ordre du commandement des Opérations de l’armée, en fonction de la situation.
De fait, le temps de réaction de 15 minutes des Forces aériennes suisses – entre 10 et 12 minutes en réalité – découle de l’adoption d’une norme internationale ; il n’est pas tributaire du type d’avion, mais du facteur humain : qu’il s’agisse d’un avion de combat, d’un avion de combat léger ou d’un avion d’entraînement, s’envoler en moins de deux minutes exige que le pilote soit déjà dans l’avion, moteurs en marche, en bout de piste, prêt à décoller en une poignée de secondes.
Aussi, la fable des avions d’entraînement qui « vont très vite, ils sont plus rapides au décollage que les FA/18 qui ont besoin de 15 minutes de chauffe pour démarrer alors que les avions légers démarrent immédiatement, ce qui compense souvent le retard qu’ils peuvent avoir en termes de vitesse » (sic Brigitte Crottaz, conseillère nationale socialiste vaudoise, RTSinfo, 29.06.2020), c’est de l’affabulation ; une fiction, rien qu’une chimère pour faire voir et croire à l’existence d’un prétendu « plan B moins coûteux ».