Air2030 – Non, monsieur Fridez, l’Aermacchi n’est pas « amplement suffisant »

Après lecture de l’interview accordée au journal Le Temps (en page 3 de l’édition du 26 août 2020) par le conseiller national socialiste Pierre-Alain Fridez (JU), une conclusion s’impose : monsieur Fridez ne craint pas de finir écrasé sous les énormités qu’il avance.

Lorsqu’il prétend que « les Aermacchi sont en l’air en deux minutes » alors qu’il en faudrait quinze « aux F/A-18 et à d’autres appareils similaires » pour « chauffer », il désinforme le lecteur. Un avion de combat décolle aussi vite qu’un avion d’entraînement ; il n’a pas besoin de « chauffer ». Le temps de réaction de quinze minutes fixé par l’Armée suisse découle de l’adoption d’une norme internationale ; il n’est pas tributaire du type d’avion, mais du facteur humain : s’envoler en moins de deux minutes exige que le pilote soit déjà installé dans le cockpit de l’avion, que celui-ci soit de combat ou d’entraînement. La différence essentielle est qu’un avion de combat est apte à répondre aux exigences d’une mission de police aérienne – vitesse pure, accélération, vitesse ascensionnelle et altitude atteinte –, un avion d’entraînement pas.

Quand Pierre-Alain Fridez allègue que la « dernière version [de l’Aermacchi] garantit des performances suffisantes au travail de police aérienne suisse », il rêve de performances que le constructeur lui-même ne promet pas.

Lorsqu’il jure que « Les forces canadiennes viennent de décider de prolonger leurs F/A-18 à 8000 heures et comptent les utiliser au-delà de 2030 », il trompe le lecteur : le Canada est aujourd’hui, lui aussi, en plein processus de remplacement de ses vieux F/A-18 qu’il entend mettre hors service en 2030. Tout comme l’Espagne et la Finlande d’ailleurs, qui elles aussi alignent encore le F/A-18.

Enfin, quand Pierre-Alain Fridez se pique de promettre que « le moment donné, après 2035 […], il sera possible d’acheter quelques avions de chasse ultra-performants », il admet implicitement que l’Aermacchi M-346 n’est pas « amplement suffisant » pour la police aérienne.