Air2030 – Mission de police aérienne : le Leonardo M-346 sous la loupe

Les milieux qui contestent la nécessité pour la Suisse d’acquérir de nouveaux avions de combat, en vue de remplacer à partir de 2030 sa flotte de F/A18 Hornet, affirment que des « jets de luxe » ne sont pas nécessaires pour un service de police aérienne crédible. Selon eux, notamment les représentants du Parti socialiste suisse, l’avion d’entraînement Leonardo M-346 [aussi désigné Aermacchi M-346] offrirait des performances suffisantes au travail de police aérienne suisse.

Simulation réalisée par le Forum Flugplatz Dübendorf

Dans son INFO flash #22 du 4 septembre 2020, le Forum Flugplatz Dübendorf a publié une simulation de mission de police aérienne, opposant le Leonardo M-346 au F/A18 Hornet actuellement en service au sein des Forces aériennes suisses. Cette simulation respecte comme condition de départ une Quick Reaction Alert de 15 minutes, communément appelée QRA-15, celle maintenue à toute heure par l’OTAN – donc tous les pays qui nous entourent – et adoptée par la Suisse pour l’état de préparation et le mode opératoire de ses Forces aériennes.

© Fritz Maurer in NFO flash #22 du 4 septembre 2020 – Forum Flugplatz Dübendorf

Situation de départ de la simulation :
• le service de police aérienne est assuré depuis la Base aérienne de Payerne, dès lors que par égard pour la région touristique du Haslital, les Forces aériennes suisses concentrent leurs opérations de vol dà Payerne pendant la période estivale. Un avion de ligne – en l’occurrence un Airbus A319 – s’apprêtant à transiter par l’espace aérien suisse le long de la voie aérienne sud-nord doit être contrôlé;
• l’alarme est déclenchée à Payerne lorsque que l’avion cible se trouve encore à 50 km au sud de la frontière nationale;
• le jet chargé de mener la mission de police aérienne décolle de Payerne dans les 12 minutes qui suivent l’alarme; à ce moment, l’avion cible a atteint la région du lac des Quatre-Cantons.

Résultat de la simulation (avec décollage depuis Payerne) :
• un avion d’entraînement Leonardo M-346 ne réussira à atteindre l’avion cible qu’en-dehors de l’espace aérien suisse, bien au-delà de Schaffhouse;
• un avion de combat F/A-18 Hornet, volant à 90 % de sa vitesse maximale, interceptera l’avion cible dans la région de Kloten;
• certes, si l’équipe au sol et le pilote du F/A-18 Hornet utilisaient la totalité des 15 minutes requises pour un décollage en alerte, le point de rencontre avec l’avion cible se déplacerait au-delà de la frontière nord du pays, mais cela serait encore pire avec le Leonardo M-346.


Commentaire

Pour mener de telles missions de sûreté d’un espace aérien, un État qui entend rester souverain sur son espace aérien a besoin d’une défense aérienne fonctionnelle, dotée d’avions de combat modernes et performants, même en temps de paix. Les avions d’entraînement proposés par les adversaires aux avions de combat à hautes performances coûtent certainement moins cher que les quatre avions évalués actuellement par la Suisse dans le cadre du projet Air2030, mais comme ils se révèlent à l’évidence inaptes à remplir ne serait-ce qu’une mission de police aérienne, les acquérir consituerait donc un gaspillage pur et simple de l’argent du contribuable.

Par ailleurs, l’argument d’acheter des Leornado M-346 pour les engager en complément de notre flotte actuelle de 30 F/A-18 Hornet afin de les « économiser » et les « tirer en avant » le plus possible ne tient pas : faudrait-il encore que le Leonardo M-346 arrive à intercepter un avion cible volant à Mach 0,8 et 10’000 mètres d’altidude pour savoir si un F/A-18 Hornet n’aurait pas mieux fait l’affaire. Dans le cas contraire – dépêcher un F/A-18 pour déterminer si c’est une mission pour le Leornado – n’entraînerait aucune réduction des heures de vol de nos F/A-18 Hornet qui atteindront leur fin de vie utile en 2030.

Enfin, affirmer que le manque de performances – notamment en vitesses pure et ascensionnelle – du Leonardo M-346 pourrait être compensé par une collaboration accrue avec nos voisins afin d’augmenter notre délai de pré-alerte, relève de la méconnaissance de la collaboration résultant de la gestion intégrée de l’espace aérien européen à laquelle la Suisse est partie prenante.

Pour en lire plus sur la problématique de la police aérienne, nous vous reportons à nos articles rassemblés sous le #hashtag Police aérienne

Air2030 – Mission de police aérienne : le Leonardo M-346 sous la loupe
Tagged on: